La dimension spirituelle du patient, une ressource

Un colloque organisé à l'HRC le 17 janvier a abordé ce thème

Le patient n’est pas qu’un individu malade. C’est une personne douée de spiritualité qu’il vaut la peine d’intégrer à sa prise en charge. Ce thème était au cœur du colloque organisé sur le site du Samaritain à Vevey le 17 janvier. Deux aumôniers et un médecin ont présenté un outil destiné à évaluer la dimension spirituelle des patients. Ils ont également illustré la méthode et ses bénéfices au moyen d’une vignette clinique.

A l’hôpital, les aspects « somato-psychiques » dominent. Etienne Rochat, aumônier au CHUV et responsable de la Plateforme Médecine, Spiritualité, Soins et Société du Centre hospitalier universitaire de Lausanne, a souligné à quel point la sphère spirituelle, qui englobe mais ne se réduit pas aux pratiques religieuses, occupe actuellement encore une place périphérique.Ou elle se cantonne parfois aux soins palliatifs.

Cependant, l’intérêt pour le rôle de la spiritualité dans les soins va grandissant depuis le début du XXIe siècle. Les études scientifiques se multiplient, notamment aux Etats-Unis. Elles mettent l’accent surtout sur des éléments quantifiables tels que la corrélation entre l’assiduité à la prière et la guérison, a mentionné à titre d’exemple Etienne Rochat.

En outre, les statistiques montrent que six patients sur dix souhaitent que les médecins abordent avec eux le sujet de la spiritualité.

A partir de ces constats, Etienne Rochat et Stéfanie Monod-Zorzi, gériatre et actuelle responsable du Service de la santé publique du canton de Vaud, ont développé un outil d’évaluation de la spiritualité des patients, susceptible d’intégrer pleinement cette dimension dans leur prise en charge.

Cet outil se compose de quatre éléments – sens, transcendance, identité et valeurs (STIV). Des besoins spirituels sont associés à chacun de ces éléments. Le besoin d’équilibre global de vie renvoie au sens. La transcendance se réfère au besoin d’être en lien avec dieu certes, ou/et d’autres entités non religieuses (l’art, la nature, par exemple). L’identité implique le besoin d’être reconnu. Les valeurs se déclinent en besoin d’être compris par les soignants et besoin de participer aux décisions des équipes médico-soignantes. L’analyse de ces besoins chez le patient permet d’élaborer son profil spirituel qui contribue à la « construction d’un plan de soins coordonné ». Dans cette optique, Etienne Rochat  a déjà mis en place la présence d’un aumônier lors de certaines visites médicales au CUTR de Sylvana (Epalinges), ainsi que lors des colloques interdisciplinaires.

La prise en charge hospitalière tend à satisfaire en premier lieu le besoin d’être à nouveau en bonne santé (besoin lié au sens),  et à négliger les besoins liés à la transcendance, à l’identité et aux valeurs. Ce qui peut aboutir à des impasses si ces derniers sont très importants pour le patient,  à l’image de la vignette clinique présentée par Anne-Sylvie Martin, aumônière, et Annelore Sautebin, médecin adjoint à l’HRC.

En conclusion, une approche qui se focalise sur les facteurs favorisant les ressources et le bien-être (salutogenèse) peut s’intégrer et apporter des bienfaits dans un milieu hospitalier, focalisé sur les maladies et leurs causes (pathogenèse).

 

Pour en savoir plus:

Émission sur le thème avec S. Monod et E. Rochat

Quels liens entre spiritualité et santé publique ?

Quelle place donner à la sphère spirituelle dans la prise en charge des patients âgés ?

Stéfanie Monod-Zorzi, Soins aux personnes âgées. Intégrer la spiritualité?, Lume Viate, 2012


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