Cadres de proximité, le maillon indispensable

Le 30 novembre 2016, près de 120 personnes ont participé à une journée de réflexion consacrée à leur rôle dans les institution médico-sociales. La rencontre, première du genre, a été organisée par la Fondation de Nant et l’Hôpital Riviera-Chablais.

Programme de la journée.

Ils ont raconté leurs histoires. Ils ont dit leurs doutes et leurs engagements. Ils ont réfléchi à leur rôle. Ils ont brossé le portrait d’une fonction appelée à faire le lien entre les directions et le terrain. Ils ont livré des images protéiformes d’un maillon essentiel des institutions sanitaires et médico-sociales mais parfois « invisible » sinon insaisissable.

Pour la première fois, le 30 novembre 2016, les cadres de proximité romands se sont rencontrés et ont parlé de leurs expériences. Près de 120 soignants chef d’unité ou coordinateurs de secteur dans les hôpitaux, dans les établissements médico-sociaux ou dans les centres de réadaptation se sont réunis dans les hauts de Vevey dans les locaux de la Fondation de Nant répondant à l’invitation de cette dernière et de l’Hôpital Riviera-Chablais (HRC).

La fréquentation nourrie a démontré aux yeux de tout le monde que ce corps intermédiaire dans les organigrammes institutionnels a soif d’échanges. Les uns et les autres l’ont répété, la journée a été l’occasion de prendre du recul afin de mieux comprendre et affronter les défis qui attendent le monde de la santé et des soins.

Pendant toute la journée, les participants ont navigué entre les contributions académiques d’experts du sujet et le vécu de quelques cadres exposant leurs cas.

A partir de recherches et d’études empiriques, les premiers ont interrogé les notions de proximité, de lien, de changement aussi bien que celles de pouvoir, de légitimité, d’autorité. Cette dernière ne se décrète pas. Car elle renvoie à la capacité d’obtenir la coopération librement consentie de la part des subalternes. C’est là sa force et sa faiblesse à la fois.

Ils ont mis l’accent sur le rôle central et complexe que les cadres de proximité ont à jouer dans la marche quotidienne des institutions comme dans leur évolution. Ils assurent les liens, la transmission, la communication entre les échelons des organisations sanitaires.

Les intervenants ont souligné l’importance de la parole assortie à l’art de parler plusieurs langages et de maîtriser une multiplicité de codes. Le cadre de proximité doit pouvoir se faire entendre et comprendre par ses équipes, ses supérieurs, ses pairs, le corps médical, l’administration, les patients. Il doit savoir négocier, ferrailler, dire le bon mot au bon moment, désamorcer, arbitrer et trancher quand il le faut.

Les chercheurs ont insisté sur la nécessité pour le cadre de proximité de rendre visible, audible ce qui se passe sur le terrain. D’autant plus au cours d’une période de  changements, d’incertitudes où des fortes pressions s’exercent sur les institutions sanitaires au nom de la performance et de la qualité des soins.

Les cadres de proximité, de leur côté, ont évoqué leurs parcours concrets. Ils ont surtout tenté d’échapper au lieu commun qui les place entre le marteau des directions et l’enclume de la base. Certes gestionnaires, ils se voient plutôt en pivots, distributeurs, traits d’union et en animateurs, en motivateurs. Les uns et les autres ont montré à quel point ils peuvent devenir les porteurs de projets de soins et donner du sens au travail de leurs équipes. A quel point, ils peuvent œuvrer pour la qualité des prises en charge de patients. A quel point, ils peuvent être les acteurs de l’évolution des institutions qui les emploient. Ils ont aussi rappelé que la fonction qu’ils occupent exige de l’engagement, de l’authenticité afin de répondre aux objectifs et aux ambitions des équipes soignantes, des médecins, des supérieurs hiérarchiques.

A la fin, en guise de conclusion, on a encouragé les cadres de proximité à tenter la transgression. A devenir les « agents internes d’innovation et de changement des organisations » pour lesquelles ils travaillent tout en assumant la « complexité » propre à la fonction.

La journée s’est achevée sur la volonté de mettre sur pied une deuxième rencontre en 2017 et sur le souhait d’impliquer davantage les cadres de proximité eux-mêmes dans l’organisation de l’événement.


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