Le portrait de Cédric Blatrie

Photo  Cédric Blatrie Cédric Blatrie pose devant l'entrée principale du futur Centre hospitalier de Rennaz, un exemplaire de la Pharmacopea Helvetica, la bible des pharmaciens, à la main.

La silhouette décontractée flotte dans le patio très zen du futur Centre hospitalier de Rennaz. Cédric Blatrie empoigne deux grands livres rouges, très rouges, face à l’objectif du photographe. « C’est la Pharmacopea Helvetica, la bible du pharmacien », s’exclame-t-il. On y trouve tout ce qu’il faut savoir pour fabriquer des médicaments : molécules, méthodes, bonnes pratiques.

Cédric Blatrie est pharmacien chef adjoint de la Pharmacie des Hôpitaux de l’Est Lémanique (PHEL) qui approvisionne en médicaments l’Hôpital Riviera-Chablais (HRC). Le professionnel de 42 ans, à l’HRC depuis 2008, est également responsable de la fabrication au sein de la PHEL avec une équipe d’une dizaine de collaborateurs. Cette dernière produit plus de 25’000 préparations par an, soit entre 10% et 15% de tous les traitements médicaux consommés à l’HRC.

Dans le vaste chantier de Rennaz, Cédric Blatrie a été chargé de mettre en place la pharmacie du Centre hospitalier ainsi que les « armoires intelligentes » qui distribueront les médicaments dans les différents services de l’établissement. Le professionnel originaire de Caen, en Basse-Normandie, y consacre 40% de son temps. « La nouvelle unité, explique-t-il comme si celle-ci se matérialisait devant ses yeux, sera équipée d’un robot. Celui-ci confectionnera les commandes qui seront ensuite livrées aux services. Mieux encore, le robot et les armoires intelligentes, reparties dans l’hôpital, pourront communiquer et assurer une gestion automatisée des flux de médicaments ».

Cédric Blatrie pilote également la conception d’une nouvelle unité de production de préparations stériles et non stériles, ainsi qu’un espace de travail destiné à accueillir l’activité clinique des pharmaciens qui accompagnent les équipes médico-soignantes lors des visites aux patients. Enfin, il est impliqué dans le développement des prestations pharmaceutiques pour les EMS.

Ces derniers mois, « je vis avec mon PC sous le bras ; je jongle entre les sites de l’HRC, je n’ai plus de bureau». C’est le prix à payer, dont il ne se plaint pas d’ailleurs, pour assumer pleinement toutes ses missions. 

Après une formation entre Caen et Paris, Cédric Blatrie a eu envie de changer d’air. Un poste à l’HRC en oncologie où il s’agissait de créer de toute pièce une unité de production de traitement de chimiothérapie tombe au bon moment. Attiré par l’oncologie, il postule et décroche la place. C’est une aubaine pour cet esprit entreprenant qui aime les défis, l’innovation et fuit la routine. 

«Je prépare la future pharmacie du Centre hospitalier. Un robot confectionnera les commandes et des « armoires intelligentes » distribueront les médicaments dans les services. Le robot pourra même communiquer avec les armoires intelligentes assurant la gestion automatisée des livraisons».

La pharmacie en milieu hospitalier répond à ce goût pour la découverte et la nouveauté. « J’aurais pu ouvrir une pharmacie en ville ou travailler dans l’industrie, mais c’est à l’hôpital que la polyvalence et le côté créatif du métier s’expriment le mieux ». Et il raconte comment, très souvent, « on doit trouver des solutions spécifiques pour les besoins particuliers des patients que les médicaments ordinaires ou les préparations courantes ne peuvent satisfaire ».

De plus, l’hôpital est un lieu de contacts, d’échanges. « Le pharmacien côtoie tout le monde. On a des liens avec les soignants, les médecins, les techniciens ». En d’autres termes, c’est transversal et interdisciplinaire. Forcément, Cédric Blatrie, titulaire d’une formation en management d’équipes, ne peut concevoir son métier en dehors du travail collectif. « La pharmacie hospitalière ne se fait pas seul, il faut compter sur un groupe, sa cohésion, son entente pour offrir des soins et des traitements de qualité », explique-t-il. Et puis, en oncologie notamment, la rencontre avec les patients est capitale, « car ils peuvent mettre un visage sur ceux qui préparent leurs thérapies », humanisant l’univers très technique et pointu de cette spécialité médicale.

Finalement, emporté par l’enchaînement des projets et la mise en route d’un nouvel hôpital, le pharmacien s’est installé durablement. Il vit aujourd’hui à Grandvaux. Au milieu des vignes, et ce n’est pas anodin. Car Cédric Blatrie est un amateur de vin, « de vins naturels », précise-t-il. Il possède une cave avec près de 2000 bouteilles et il a même achevé une formation de sommelier. La passion est telle qu’avec des amis il a conçu une application localisant de par le monde, les vignerons et les restaurants qui élaborent et proposent des crus biologiques, sans aucun ajout, naturels. Elle s’appelle « Raisin ». Evidemment.

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